Mais au fait : c’est quoi le yoga ?

Ça dépend pour qui

Il y a quelques mois, au cours d’une retraite que j’organisais, au moment du repas, nous étions une bonne douzaine autour de la table les élèves et moi lorsque soudainement un des élèves a posé cette question bien fort « mais au fait c’est quoi le yoga? ». Tous se sont alors tournés vers moi, attendant une réponse. Je n’avais pas envie d’y répondre c’est une question trop vaste, pas à ce moment là, à table, je n’étais pas préparée. Et surtout c’était trop difficile d’y répondre en restant honnête et sans choquer personne. Alors j’ai répondu « ça dépend pour qui ». Posez cette question à un professeur de yoga indien puis au médecin/ kiné qui vous envoie ses patients et vous aurez des réponses différentes.

Le premier se basera sur un texte très ancien (non daté), les yoga sutras de Patanjali qui commence comme ça : « Le yoga est la cessation de toutes les fluctuations mentales », le reste de ce texte n’étant qu’un développement de ce premier sutra, en 96 autres sutras dont 1 seulement qui parle du corps !

Le deuxième aura une réponse bien éloignée, il vous parlera d’une pratique douce pour le corps qui améliore la souplesse tout en vous renforçant et qui aide à la gestion du stress.

Vous qui vous intéressez au yoga, est-ce pour cesser toutes les fluctuations de votre mental, et/ou pour régler vos problèmes de dos, vous débarrasser de vos tensions dans les épaules ?

Moi, professeur de yoga en France, je suis chaque jour face à des personnes, des femmes majoritairement, qui viennent en espérant soulager leurs tensions physiques et se détendre. J’essaie de satisfaire ces attentes et ouvrir de nouvelles voies plutôt que de respecter un dogme édicté par des hommes principalement, ayant vécu ailleurs et à une autre époque que la mienne.

Et ça dépend quand

Les outils que l’on m’a transmis tout au long de ma formation s’apellent des asanas ( = postures physiques) et des pranayamas (= exercices de respiration). La plupart des asanas ont été élaborés au milieu du 20e siècle, il répondaient aux besoins d’un certain public et ont été élaborés grâce aux connaissances de l’époque.

En 2022 la plupart d’entre nous passons nos journées en position assise. Nous bougons peu et nos mouvements sont peu variés, on appelle cela la sédentarité. Cela entraîne des dysfonctionnements physiques bien spécifiques. Exemple : combien de fois par jour montez-vous les bras au dessus de votre tête pour attraper quelque chose ? En outre le stress chronique auquel nous sommes confrontés dérègle notre système nerveux et notre sytème immunitaire.

En tant que professeur de yoga il me semble donc légitime de me poser cette question : les asanas tels qu’ils m’ont été transmis dans mes formations sont-ils les outils les plus adaptés aux besoins du public ? Ou bien encore : nos corps d’aujourd’hui sont-ils adaptés à ces asanas ?

Un yoga sans asana ?

J’ai enseigné le yoga de manière traditionnelle pendant des années mais aujourd’hui la pratique que je propose n’est plus une succession d’asanas.

Vous y trouverez des éléments issus du Functional Range Conditioning ®. Le FRC est un système d’entraînement des articulations basé sur des principes scientifiques et sur les recherches les plus récentes sur le système nerveux. Ce système a pour objectif d’améliorer la mobilité en renforçant les articulations pour contrôler son corps ( = bouger librement et/ou sans douleur). Concrètement cela se traduit par des mouvements articulaires, lents et contrôlés dont on cherche à augmenter l’amplitude en développant notre capacité à générer de la force dans ces mouvements. On y ajoute parfois un travail d’activation musculaire ciblé afin de développer la résilience de nos tissus. C’est un outil remarquable pour rendre les asanas plus accessibles et en faire sentir les enjeux anatomiques.

Vous y trouverez aussi des exercices issus du Pilates notamment lorsqu’il s’agit de contrôler le mouvement de la colonne vertébrale et du bassin. Aussi surprenant que cela puisse paraître le yoga appréhende souvent la colonne vertébrale comme un tout alors qu’il existe des pratiques beaucoup plus exigeantes quand il s’agit de mettre en mouvement les différents segments de notre colonne vertébrale. Cette différenciation permet de pratiquer les asanas de manière plus contrôlée et plus sûre. Elle permet de renforcer notre musculature la plus profonde, celle qui entoure notre colonne vertébrale, et d’acquérir une plus grande stabilité, ce qui bénéficie à toutes les personnes souffrant du « mal du siècle » : le mal de dos. 

J’introduis parfois des mouvements dits somatiques, la plupart issus de l’école Feldenkrais ®. Ce sont des mouvements très doux, généralement pratiqués au sol, qui encouragent la recherche du confort et de la facilité d’exécution. Ils ne demandent pas d’effort musculaire mais une grande attention aux sensations éprouvées pendant l’exploration des mouvements.

Tous ces outils préparent, encadrent et soutiennent les asanas, mais ces asanas ne sont que des jalons dans la pratique. Ce sont des jalons dans lesquels, parce qu’ils sont familiers à force d’être répétés, on peut observer nos sensations physiques et notre niveau de confort.

Précédent
Précédent

Pourquoi devenir plus fort·e

Suivant
Suivant

Yoga et troubles du spectre autistique